Loire Atlantique
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La Marie-Caroline, navire négrier nantais du XVIIIe siècle. Les élèves de 4A participent au concours organisé par les Archives départementales sur le thème des traites atlantiques au XVIIIe siècle. Ils devaient réaliser deux récits de trois pages chacun sur ce thème.

Extraits des deux récits réalisés par les élèves de 4A. Le premier raconte le voyage d’un jeune marin nantais sur un navire négrier, le second nous met dans la peu d’une jeune esclave dans une plantation de la colonie française de Saint-Domingue. Les deux récits se déroulent à la fin du XVIIIe siècle.

Premier extrait.

On apercevait le port. Chez nous, enfin. Fin, c’est ça. C’était fini, il pleuvait sur Nantes. Je ne sais plus quel jour nous étions, j’étais là depuis bien trop longtemps.«Il faut se rappeler des bons souvenirs», disait ma mère. Elle me manquait, mon père aussi. C’était pour eux que j’étais là. Ils s’étaient endettés pour moi, pour mon savoir, et je devais les rembourser. C’était mon devoir, c’était l’honneur.

Mes parents m’avaient envoyé à la paroisse du curé Caron, pour apprendre à lire et écrire. Et pour les remercier, j’étais devenu mousse. J’en avais presque oublié mon nom : Charles, et mon âge : 17 ans.Sur le navire, tout le monde m’appelait « garçon » et me donnait des corvées, même si les autres n’étaient pas beaucoup plus gradés que moi, notamment les volontaires ou les novices. Il y en avait un plus jeune que moi, qui gagnait pourtant le double de mon salaire. Nous étions partis en 1788, m’avait dit Jean. Il était de Brest et avait 11 ans, il n’a pas survécu. Il faut dire que le travail de mousse est éprouvant : il faut être polyvalent, doté d’une bonne force physique,et garder le moral,car nous n’avions que peu de repos.

C’est à l’initiative de mon oncle, membre de la société des «Amis des Noirs», que j’ai écrit des passages de notre périple, pour que mon voyage soit relayéetserve de témoignage sur les conditions dans lesquelles vivaient les esclaves sur les navires…

Deuxième extrait.

Tout a commencé dans ma tribu au Mali à l’âge de seize ans. Un jour, notre chef s’est fâché avec celui du clan voisin. Trois jours plus tard, l’ennemi de notre tribu est revenu avec tous ses guerriers et de grands bâtons peu communs. Je me souviens avoir eu très peur ; ils nous ont ordonné de venir avec eux. Nous étions obligés de nous rendre : tous les hommes étaient partis à la chasse, sauf un, mon grand frère… Refusant l’ordre de nos assaillants, il a attaqué un guerrier. Brusquement, du feu est sorti de ce bout de bois ainsi qu’un bruit assourdissant… Et mon frère est tombé au sol hurlant de douleur puis s’est immobilisé, figé.

Environ une heure plus tard, après que les guerriers ont inspecté notre village, nous avons commencé le voyage pour la côte ouest africaine, plus précisément la Côte d’Or. Je me rappelle avoir marché plusieurs jours pour arriver à destination. Nous avions autour du cou des jougs en bois qui nous reliaient tous et nous empêchaient de bouger. Le voyage était long, rude : on ne s’arrêtait que la nuit pour dormir ou pour manger et boire un peu. Nous étions obligés d’aller au même rythme, les vieux comme les jeunes. Et si certains traînaient, ils se prenaient des coups de fouet. A ce moment-là, je pensais qu’il ne m’arriverait jamais rien de pire dans ma vie ; j’avais tort…